Il avait fui la guerre, laissant son village, son passé, et s’était installé avec les siens non loin de la frontière. II avait, d’une main levée, arrêté la caravane. Il avait dit qu’il n’irait pas plus loin, que le campement serait dressé en cet endroit et que sa décision était irrévocable, contre toute raison. Personne n’osa contredire l’ancien, le sage, et la vie s’organisa ainsi. II passait ses journées à lire les sourates du Coran ou de la poésie. Mon exil était récent. II me dit : « Ta maison, ton pays, ton histoire sont en toi. Si tu les laisses entrer, où que tu sois, ils te suivent ». Puis, dans un souffle, le regard accroché au flanc de la montagne afghane, il avoua qu’il ne pourrait survivre sans voir sa terre, chaque jour que Dieu faisait.